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Souvenirs d'aujourd'hui - Chapitre 2


Jour 2

Jour 1.

            Ceci est mon journal. Je suis obligée d’écrire « Jour 1 » parce que je n’ai pas la moindre idée du jour qu’on est. Je n’ai pas de souvenirs. Aucun. Je ne sais même pas qui je suis. Je suis seule, enfermée et totalement paniquée. J’ai trouvé ce journal. Je ne sais pas ce qu’il faisait là. Quelqu’un m’a-t-il enfermée ici pour m’extorquer des informations ? Quoi qu’il en soit, je n’ai rien d’autre à faire qu’écrire.

            La vieille pièce dans laquelle je suis retenue est humide et froide. Malgré sa taille impressionnante, elle ne contenait qu’un bureau avec ce journal et un plateau repas dessus. Manger, c’est bien la dernière chose dont j’ai envie en ce moment. Qui l’a apporté ? Qui me retient ici ?

            Je ne peux pas rester sans rien faire, c’est au-dessus de mes forces. Je vais essayer de voir s’il n’y a pas un moyen de sortir.

 

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            J’ai cogné, tapé, gratté partout. J’ai mis des coups dans la porte avec mes pieds, avec la chaise. Je crois que j’ai perdu la raison un moment. Je saigne de la tête. Peut-être que j’ai cogné avec ça aussi… Je meurs de faim et de soif, j’ai besoin de manger un morceau.

 

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            Le sandwich était dégoûtant, mais ça m’a calé l’estomac. Je me sens plus rationnelle, je vais essayer de faire calmement l’inventaire des informations dont je dispose. Il doit y avoir une logique dans tout ça, même si elle m’échappe pour le moment. J’ai arraché une page du journal pour y faire un tableau propre et simple des quelques éléments que j’ai.

            Je ne peux pas voir mon visage, mais apparemment mes cheveux sont longs et blonds. Selon ce que je perçois de mon corps et de l’aspect de mes mains, je dois avoir environ trente ou trente-cinq ans. Mes vêtements sont simples. Pantalon en toile noire et pull fin bleu turquoise très vif. Aux pieds je porte des petites chaussures en toile beige. Pas de bijou, pas d’accessoire d’aucune sorte.

            Ça ne fait pas lourd. Et je n’ai rien à inscrire dans la colonne de l’analyse que je pourrais en faire. Mais j’ai tout le temps nécessaire pour l’étudier et réfléchir. J’y reviendrai régulièrement ces prochains jours. Qui sait : à force de persévérance, une idée lumineuse me tombera peut-être dessus.

            Pour l’heure je suis coincée ici, c’est tout ce que je peux affirmer. À priori, la pièce ne ressemble ni à une chambre d’hôpital ni à une cellule de prison. Mais après tout, est-ce que je sais vraiment à quoi ressemble une cellule de prison ? Ai-je déjà été en prison ? D’ailleurs, les prisons ne sont pas les mêmes dans tous les pays… Dans quel pays suis-je ?

            Je pense et j’écris en français. Ça, je le sais. Je suis donc vraisemblablement en France ou dans un pays francophone. C’est une première déduction, et je pense que ce sera malheureusement la dernière pour aujourd’hui. Je suis épuisée de m’être déchaînée contre cette satanée porte.

            Je vais essayer de me reposer et je reprendrai le fil de mes réflexions plus tard, à tête reposée. Je dois absolument garder mon calme si je veux m’en sortir. Il faut que je m’en sorte. Qui sait s’il n’y a pas quelqu’un qui m’attend, là, dehors. 

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