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Der Schrei

            Le cri est enfermé à double tour. Tout au fond. Enchaîné dans le noir. Tu as réussi à le contenir, il est bien caché. Personne ne soupçonne qu’il y a là un cri emprisonné. C’est ton secret à toi, et il est si bien enfoui que parfois tu parviens même à l’oublier.

 

            Le temps passe et tu gardes les issues bien verrouillées. Tu surveilles que rien ne filtre. Pas le moindre son. Tu le contiens mais tu ne sais pas le faire disparaître. Il vit toujours et pèse sur toi d’où il est.

 

            Le temps passe et le cri grandit. Il grossit et devient plus fort. Il brise ses chaînes. Il gonfle encore et commence à déborder de ce souterrain où tu l’avais cloîtré. Il a avalé son bâillon. Tu bloques la porte, tu le supplies de rentrer, de se taire, de ne pas se montrer. Personne ne doit savoir qu’il est là.

 

            Le temps passe et ta panique le remplit. Il grandit plus vite. Il devient gigantesque et explose tous les murs de sa prison. Il éclate. Puissant. Assourdissant. Il te jette à terre, et le monde te regarde avec effroi. Tu ne peux pas le fuir, tu ne peux pas te fermer à lui.

 

            Le temps passe et il se répand en détruisant tout. Il est dévastation. Son désespoir, sa peur, sa honte, son froid s’étendent partout. Tu ne contrôles plus rien. Tu ne peux que subir et attendre que ça cesse. Tu attends.

 

            Le temps passe et rien ne cesse. Il continue de hurler, de grandir et hurler toujours plus fort. Il se nourrit de son propre désespoir. Il recouvre tout. Il t’étouffe. Tu ne peux pas y échapper. Tu ne peux pas respirer. Tu ne peux pas vivre. Il te tue.

 

            Et enfin, le silence.

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